Merle Watson

Le
mercredi 23 octobre 1985, tôt le matin, Eddy Merle Watson tombait de son
tracteur et perdait la vie à proximité de sa maison, dans le comté de
Caldwell.
Aujourd'hui,
La famille Watson ressent encore cruellement
cette perte douloureuse. "Certes, le festival est dédié
à Merle, mais
s'il pouvait y participer, ce serait fabuleux," pouvait-on lire dans le
numéro de septembre 1999 du magazine Guitar Player, qui citait Doc
Watson. "Lorsque vous perdez quelqu'un qui vous est cher, il vous
manquera toute votre vie…. Aujourd'hui, Merle me manque encore plus qu'à
l'époque de sa disparition, car Je ne peux plus jouer avec lui."
Merle avait 14 ans, en 1963 lorsque Doc fit un
triomphe, sur la scène du Newport Folk Festival qui le propulsa au
sommet de cette musique qu'on
appelle aujourd'hui "Americana Music." Tandis que la carrière de son père battait son
plein, Merle décida de se mettre à la guitare. Rosa Lee sortit donc deux
guitares de leurs étuis et entreprit d'enseigner à son fils les premiers
accords de base. En juin 1964, Merle montait sur scène pour la première
fois et devant un public de 12000 personnes,
accompagnait son père lors de deux concerts en Californie, à San
Francisco et à Berkeley. En novembre de la même année, ils
enregistraient "Doc Watson and Son" chez Vanguard.
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Doc
& Merle (1981)

Départ
pour la Géorgie (1982) |

Doc
& Merle en 1981 à Paris |
"Avant
que Merle ne commence à tourner avec moi", précise Doc,
"je n'étais pas très
souvent sur la route. Pendant cette période de "vaches maigres", si
je ne l'avais pas convaincu de rester en lui offrant la moitié des
gains, il n'aurait pas continué. Et sans lui, je n'aurais pas pu
assumer la plupart des
contraintes liées aux
tournées. C'est Merle qui conduisait la voiture, qui m'aidait
pendant le voyage et réglait tous les détails. Quand Merle a
commencé à jouer avec moi, Je me suis mis à chercher des contrats
uniquement parce que je n'étais pas seul. Cette période de
vaches maigres signifiait généralement, dormir sur des canapés et
avaler des sandwiches. Quand un gars n'est pas connu, il doit
accepter tous les contrats qu'il trouve."
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"Ca
a bien marché vers la fin des années 60, et ensuite, il y a eu une
baisse qui nous a rappelé l'époque
de nos débuts. Et puis un jour, il y a ce type qui débarque et me
demande de travailler sur le volume 1 de "Will the Circle Be Unbroken".
Alors, Merle m'a pris à part et m'a dit ' tu sais papa, ça va nous faire
connaître par des tas de gens qui n'ont jamais eu l'occasion de nous
entendre.' Il avait drôlement la tête sur les épaules, c'est moi qui
vous le dit. Il m'a dit 'fais-le', 'je crois que tu dois y aller. Ca va
nous donner un fameux coup de pouce.' Merle était devenu un homme. Alors j'y suis allé et ça s'est
passé comme il avait dit et ensuite, ça a été payant."
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Merle,
T. Mickael & Doc
La
Rochelle (France 1981) |
Merle
a grandi rapidement. A 16 ans, il était marié et à 17 ans, déjà
père d'un enfant, Richard Eddy. Moins de deux ans après, il était
à nouveau papa d'une petite fille, Karen Annette. Merle fut accablé
lorsque son mariage s'est brisé quelques années plus tard et il ne s'est
jamais vraiment remis de la perte de sa famille, tout en continuant, bien
sûr, à assumer ses responsabilités.
Au
bout du compte, Doc et Merle se sont produits dans 48 états, en Afrique,
au Japon, au Canada, au Mexique et en Europe.
Ayant eu la polio à
l'âge de 6 ans, Merle s'en est souvent plaint tout au long de sa
vie.
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"Merle
a donné une autre dimension à notre musique. Il y a des tas de choses
que je n'aurais pas été capable de faire sans son apport, notamment dans
le domaine du blues. Non
seulement Merle jouait de la guitare slide, mais c'était un
excellent 'flatpicker'. C'était un bon 'fingerpicker' également,
et l'un des meilleurs joueurs de banjo old-time que je connaisse. Au début,
la plupart des gens croyaient que c'était moi
qui jouait sur les disques, mais en réalité, et notamment sur les
derniers albums que nous avons enregistré ensemble, c'est lui qui faisait
tout le travail. Merle était également capable de jouer du banjo
bluegrass, mais il pensait qu'il y avait déjà trop de musiciens qui
jouaient dans ce style. Alors, il a préféré abandonner".
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Merle
Watson en 1981 |
"Merle
était un excellent musicien et peu de gens se sont vraiment rendus compte
de ce qu'il a apporté à ma musique. Certes, j'ai un répertoire plus étendu,
mais la différence est énorme quand on a derrière soi, un grand musicien
tel que Merle."
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Frosty
Morn Band avec Doc Watson
Bob
Hill, T. Michael Coleman, Jack Lawrence,Doc & Joe Smothers.
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Doc
précise que pendant les tournées, lui et son fils étaient à parts égales.
"Je n'ai jamais cherché à jouer les patrons avec Merle. Dans le
travail, on était à la fois amis et associés. Il choisissait les
morceaux qu'on allait jouer et c'était très bien comme çà."
Au
cours de sa carrière, Merle a participé à d'autres projets tels que le
groupe Frosty Morn, dont les membres restant se réunissent chaque année,
sur la scène du Merlefest.
Il a également produit des enregistrements pour des artistes tels que les
Smith Sisters. En tant que musicien, il a obtenu des critiques
excellentes, grâce notamment, à son jeu de blues à la guitare "slide". Peu de temps
avant sa mort, le journal Frets Magazine le consacrait meilleur "fingerpicker"
de l'année, dans les domaines folk, bluegrass et country.
Le
premier Merlefest a eu lieu exactement deux ans et demi après la mort de
Merle. Et chaque année au printemps,
le festival rend honneur à la musique de Doc & Merle Watson.
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L'énorme
succès de ce festival tient, selon Doc, à deux facteurs distincts:
"le
premier c'est le choix de la musique, et le second, c'est son caractère
familial. Les gens ne viennent pas ici pour faire la fête, mais pour écouter
de la musique et être entre amis. C'est un peu inquiétant de voir à
quelle vitesse le Merlefest est devenu l'un des tout premiers, sinon le
premier festival aux USA, sans qu'il 'y ait de débordements d'aucune
sorte.
Pendant les premiers temps, et en particulier, lors du tout premier
festival, les amis de Merle sont tous venus bénévolement et chacun a
donné de son temps. C'est cela l'élément majeur de la réussite du
Merlefest."
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Une
Chanson dédiée à Merle… |
Peu
de temps après la mort de Merle, Wayne Hayes, grand ami de la famille
Watson, écrivit une chanson, à la mémoire de son ami disparu, sur l'air
de "Will The Circle Be Unbroken". De 1988 à 1997, Wayne
clôturait traditionnellement chaque journée du festival en chantant
cette chanson avec Doc. L'état de santé de Wayne Hayes se dégrada
progressivement et il décéda quelques mois après le Merlefest de 1997.
Depuis
cette année là, c'est Bill Mathis qui accompagne Doc chaque soir et
c'est toujours un grand moment d'émotion, lorsque le public reprend en cœur
le refrain:
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A
Tribute To Merle
Wayne
Hayes & Doc Watson |
"Will
the circle be unbroken,
Bye
and bye, Lord, bye and bye,
When
God's heavenly choir sings,
He'll
have Merle pickin' the lead
In
the sky, Lord, in the sky."
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