A Propos de Doc Watson...

Doc Watson est à l'honneur!  

L'album "Third Generation Blues" (Sugar Hill) sorti début 1999 et  co-signé par Doc et son petit fils Richard a été nommé pour un "Grammy".
En février 2000, "The North American Folk Music & Dance Alliance" a décerné à Doc leur "Lifetime Achievment Award" .
The New York Times a publié un nouvel article sur Doc et "The North Carolina Center for Public Television" a rediffusé l'émision spéciale consacrée à Doc Watson.
Le Wilkes Community College, sur le campus duquel a lieu le Merlefest, a récompensé Doc en le faisant "Volunteer of the Year".

Doc Watson en 1981

C'est au début des années 1960, que Doc est apparu sur la scène "folk". Depuis, sa popularité n'a cessé de s'accroître. Plus les jours passent et  plus il est reconnu et apprécié de tous, tant sur le plan artistique que sur le plan humain. En dehors de ses qualités artistiques, Doc a une personnalité très attachante et il est doté d'un solide sens de l'humour. Doc n'est pas un simple musicien issu des montagnes, c'est un grand "Monsieur" .

En juin 1997, Doc Watson qui venait d'avoir 74 ans (le 3 mars), accordait une interview par téléphone à Art Menius, pour la revue Bluegrass Unlimited. En voici quelques extraits:

Doc Watson a commencé à jouer dans les émissions de radio à l'age de 19 ans. De 1953 à 1960, il jouait de la guitare électrique dans un groupe rockabilly & western swing dirigé par Jack Williams et qui s'appelait "The Country Gentlemen". L'album Docabilly sorti en 1995 chez Sugar Hill est un clin d'œil à cette musique des années 50, que Doc affectionne particulièrement.

Plus de quarante ans après, la famille Watson se voit décerner "the North Carolina Folk Heritage Award" et Doc reçoit "the National Medal of the Arts and the National Heritage Fellowship", qui est la plus haute récompense accordée dans le domaine des arts traditionnels.

 

Doc Watson au Merlefest 

  Le 11 mai 1997, Doc est invité à Chapel Hill et pour la seconde fois, il est fait docteur honoraire avec le grade de "Docteur en Lettres" de l'Université de Caroline du Nord (U.N.C.). Environ 30 000 personnes assistent à la cérémonie, au cours de laquelle, Erskine Bowles, représentant de la Maison Blanche, prend la parole.

  "J'étais à la fois heureux et fier de ce qui m'arrivait", souligne Doc. "mais là où j'ai été le plus  impressionné, c'est quand Dan Patterson ( professeur à U.N.C.) m'a conduit jusqu'à l'estrade et m'a présenté. En arrivant en haut des marches, c'est comme si j'avais marqué un 'touchdown' pour mon équipe, tellement on m'a applaudi. C'était très impressionnant. Toutes les personnalités venues de Washington, n'avaient pas reçu un tel accueil et moi, j'ai eu droit à une 'standing ovation'. Je me suis dit 'qu'as-tu fait pour mériter ça? Tu  as tout simplement essayé de gagner ta vie, en  donnant en même temps, un peu de plaisir aux gens.' Mais je crois bien que c'est pour cette raison là  qu'ils l'ont fait. Quand j'y repense, c'était un moment tellement merveilleux, j'avais un trac fou. Eh oui, cela m'arrive encore malgré mon age! (rires). Il y a une autre chose que j'aurais vraiment souhaitée, c'est que Merle puisse être là avec moi."

 

Doc Watson et sa Gibson Les Paul

 

En juillet 1998, le comté de Watauga, la ville de Boone et la Chambre de Caroline du Nord adoptent une résolution faisant du 3° samedi de juillet, le "Doc Watson Day" dans le comté de Watauga. Depuis cette date, un mini festival a lieu chaque année, pendant le 3ème week-end de juillet à  Sugar Grove, NC. Les bénéfices servent à financer la construction du "Doc & Merle Watson Museum" qui se trouve dans les locaux de "Cove Creek High School Building", à Sugar Grove.

A l'époque du groupe de Jack Williams, et  pour pouvoir animer les "Square dances", Doc avait appris des "fiddle tunes"  qu'il jouait sur une Gibson Les Paul.  Une fois ces morceaux transposés  sur sa Martin D-18, Doc devint l'un des maîtres incontestés  de la guitare acoustique, au même titre que Clarence White et quelques années plus tard, Dan Crary et Tony Rice. Il a crée un style qui sera adopté par plusieurs générations de flatpickers

 

Pendant les années 1950, Doc  a  également fait de la musique old-time avec certains membres de sa famille, dont l'un d'eux Clarence "Tom" Ashley, avait enregistré plusieurs albums entre les deux guerres.

En avril 2000, la commission des transports de l'état de Caroline du Nord, a décidé  de baptiser du nom de Doc & Merle Watson,  la portion de l'U.S. 421 située entre Deep Gap et Boone.  Cette portion de route est longue de 11,1 miles.  

Eugene Earle, collectionneur de disques et Ralph Rinzler, qui a tant contribué au renouveau de la musique traditionnelle et au démarrage du Merlefest, se rendirent en Caroline du Nord  pour redécouvrir Clarence Ashley; en prime, ils tombèrent sur Doc qui était aussi un excellent joueur de banjo old-time.  Rinzler les plaçait  tous les deux "au même niveau que  The Carter Family et Uncle Dave Macon." Il entreprit de les faire connaître, en mettant en valeur leurs racines traditionnelles et le lien qui existait entre leur musique et celle de chanteurs plus connus à cette époque.

 

Les enregistrements réalisés à l'époque sont ressortis sur cd, avec 20 titres en plus. Il s'agit  de "The Original Folkways Recordings of Doc Watson And Clarence Ashley: 1960 Through 1962 (Smithsonian/Folkways). Toujours, dans un style plus traditionnel, on peut entendre Doc jouer avec les membres de sa famille, dans "The Doc Watson Family" (Smithsonian/Folkways) et "Songs From The Southern Mountains" (Sugar Hill). C'est toutefois au cours des années 1960 pour la firme Vanguard que Doc, seul ou avec Merle, a réalisé les enregistrements les plus marquants de sa carrière.

Certains d'entre eux, dont "Doc Watson", sont disponibles sur cd, depuis plusieurs années. Un coffret de 4 cds , "Doc Watson: The Vanguard Years", est une compilation des meilleurs titres réalisés en studio ou en concert, avec en prime, 17 titres qui n'avaient pas été gravés à l'époque.

 

Ralph Rinzler & Jack Williams

Pendant les années 1960, à l'époque du "Folk Revival", Doc maîtrisait déjà tous les styles tels que le blues, le gospel, les airs de banjo et de violon, le western swing et le Honky-Tonk, le rock n' Roll des années 1950, le R&B et la musique pop. Tous ces différents styles se retrouvent dans la musique de Doc Watson. Cette longue période de succès, au cours de laquelle Doc a réalisé de nombreux enregistrements, avec toujours, cette même régularité au niveau de la qualité fait qu'il a réussi à enchanter plusieurs générations de "fans". Cela lui a également permis de remporter cing "Grammies", dont les trois premiers à partager avec Merle, pour Then and Now (Poppy, ressorti chez Sugar Hill), Two Days In November (Poppy), Live and Pickin' (United Artists), The Midnight Train (Sugar Hill), et On Praying Ground (Sugar Hill).

 

Doc & Roy Huskey jr.

Doc ne se vante jamais, mais il admet volontiers: "Je n'ai jamais enregistré de disque que je n'aie de plaisir à écouter et je suis plutôt fier de l'ensemble. J'entends des choses que j'aurais pu améliorer, mais c'est comme tout le monde."

Quand on lui demande de faire un classement parmi les albums enregistrés avec son fils, Doc en propose trois.

" Le premier, c'était Southbound, et Merle ne jouait pas depuis beaucoup plus d'un an quand on a enregistré et pourtant, c'est lui qui a fait plus de la moitié de la partie 'lead guitar'. Ca a été un événement important pour moi.  Mon Dieu, j'ai été fier de ce jeune garçon, quand on a quitté le studio et écouté la bande après que tout soit terminé. On a enregistré le disque en deux fois et on se rend compte qu'entre temps, on avait beaucoup répété.

Le suivant, c'était On Stage With Doc & Merle Watson. C'était un double album. Là aussi, j'étais très fier du travail de Merle. Vient ensuite Down South qu'il a produit pour Sugar Hill. C'est le dernier disque sur lequel il a joué, mis à part un peu de frailing banjo dans l'album Bluegrass Riding The Midnight Train. Ce sont là les derniers titres qu'il a enregistrés."

"Après le départ de Merle, j'ai pris une orientation musicale un peu différente. J'ai enregistré l'album Portrait. Sil avait pu y participer, son apport à la guitare slide et en finger picking aurait été extraordinaire. Mais vous savez, quand il manque un élément, on essaye de combler le vide et on fait de son mieux".

  "Je ne crois pas que mon jeu ait beaucoup changé. Je sais seulement que je vais beaucoup moins vite quand je fais du flat picking. Ca vient du fait que j'ai  soixante quatorze ans (en 1997). Il est plus que probable que les albums Portrait et Docabilly auraient été très différents de ce que j'en ai fait tout seul. Sur Dear Old Southern Home et On Praying Ground, Merle aurait ajouté des parties de guitare superbes, s'il avait pu être là. Ces albums auraient eu une autre dimension."

 

De la personnalité de Doc se dégage à la fois de la joie et de la sincérité. A cause de sa cécité depuis l'enfance, cet homme n'avait aucun goût particulier pour prendre la route et faire des tournées. Mais sa volonté, son intelligence, son intégrité et son respect des engagements  lui ont permis de gagner sa vie de cette façon-là.

"Au delà de son jeu, de sa dextérité, n'utilisant jamais la technique pour la technique, sa voix sonore et sa façon rassurante de chanter, Doc apparaît sûr de lui, autoritaire, mais jamais sévère, méticuleux et semblant s'amuser de ce qu'il fait. Il communique au public une harmonie parfaite entre gaieté et sérieux" (Art Menius).

Doc et Scott Rouse

"J'ai appris que de rester soi-même était l'une des plus grandes qualités qui vous soit donnée par Dieu . Avoir de la personnalité sur une scène n'est pas quelque chose qui se fabrique; c'est un don de Dieu......

Je trouve qu'être soi-même sur une scène vous permet de communiquer avec les gens. Ils ont l'impression que vous êtes l'un des leurs. C'est ça la clé du problème, mais ce n'est pas une chose que j'ai décidé. C'est arrivé comme ça."

Doc a été encouragé pendant quarante ans par un groupe de proches qui l'ont aidé à faire ce métier. En premier lieu sa famille: Rosa Lee, sa fille Nancy et son défunt fils Merle, meilleur ami et partenaire pendant plus de vingt ans.

Jack Lawrence, Richard Watson (petit fils de Doc), Cliff Miller font partie des musiciens qui accompagnent Doc. Sans oublier T. Michael Coleman, à qui l'on doit la compilation intitulée Remembering Merle (Sugar Hill).

"Doc Watson a réussi à gagner l'admiration des musiciens et l'adoration de ses fans, non pas par sa technique, mais grâce à sa sensibilité et à son extraordinaire talent. La sincérité dont il fait preuve lui est renvoyée par le public, et en particulier au Merlefest. Les hurlements de la foule, dès que Doc apparaît sur la scène du festival, pourraient  convaincre les plus cyniques d'entre nous, que la musique est capable de faire devenir le monde meilleur"  (Art Menius).

 

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